Que reste-t-il de mes souvenirs d’école (du Petit Nanterre) ?
Que reste-t-il de mes souvenirs d’école (du Petit Nanterre) ?
Pour nombre d’entre nous, elles sont loin les années de l’école primaire. Ce temps où nous avons tous assimilé des choses aussi fondamentales que la lecture, l’écriture, les bases de calcul ainsi que les rudiments d’un comportement social et citoyen.
Après les classes de maternelles passées à l’école Voltaire (école de secteur des bidonvilles de la rue des prés) j’ai découvert -en 1971- l’école primaire du petit Nanterre, située au 210-212 avenue de la République, inaugurée en 1902. La mixité à l’école n’avait pas encore droit de cité dans les mœurs françaises (devenue obligatoire dans toutes les filières qu’en 1975, avec la loi Haby).
Dans un petit coin de ma tête, vibre encore les notes stridentes de la sonnerie que le directeur de l’école Mr Bruni activait chaque matin afin de retenir l’attention de tous les élèves. Elle nous invitait fortement à nous mettre en rang par deux, à la l’emplacement de nos classes respectives.
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Une fois en classe, au plancher usé et grinçant, au haut plafond et aux fenêtres immenses dont certaines données sur la cour, on retrouvait l’estrade sur laquelle se trouvait le bureau en chêne de l’institut, avec derrière, le tableau noir qui ornait le mur, les craies et la brosse en feutre étaient soigneusement posées à proximité d’une imposante armoire en merisier.
Devant le bureau, point cardinal pour tous les élèves, étaient alignées (à la queue leu leu) des rangées de tables de bois (pupitre légèrement incliné) -marquées par les assauts du temps- sur lesquelles diverses inscriptions étaient gravées au stylo, voire peut-être même au compas par les marmots, depuis devenus grands.
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Au mur, étaient affichés la carte de France avec les reliefs, les fleuves et les départements, les tables de multiplication et de division, un squelette reconstitué…tout le nécessaire pour recevoir une bonne instruction.
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
La matinée était souvent consacrée à la dictée, à la grammaire, à la conjugaison. Puis vers 10 heures, venait le temps de la récréation dans cette « immense » cour recouverte de bitume et parsemée de jeunes platanes. On se dégourdissait les jambes en jouant à saute-mouton, à la marelle, aux billes, aux osselets quand ce n’était pas à la bagarre.
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Aussi, toujours pendant ce moment de pause, nous poussions parfois notre curiosité jusqu’à poser nos yeux derrières les carreaux des fenêtres donnant sur le préau ou la salle des instituteurs. En effet, pendant que les élèves gambadaient, courraient, sautaient, s’égosillaient…, les « professeurs des écoles » -comme l’on dit aujourd’hui- sirotaient un café noir bien chaud ou grillaient une cigarette.
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Après la récréation, c’était place au calcul (particulièrement mental) et à la résolution des problèmes (raisonnement, solution, résultat). Autant de moments de solitude et d’angoisse pour certains.
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Voilà venu le moment du repas de midi. Il y avait ceux qui rentraient à la maison se rassasier de bons plats préparés par nos chères mères et les autres (demi-pensionnaires), rassemblés dans le préau servant à la fois de réfectoire mais aussi de salle de gymnastique (grimper à la cordes), de projection de films (Crin-Blanc) et en fin d’année, de lieu de cérémonie, à l’occasion de la remise des prix.
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Lors de ces moments de restauration collectifs, nous nous soucions davantage de notre âge du jour que des contenus qui allaient composer notre menu. Tout juste installé sur le banc, chaque enfant avait les yeux rivés sur son verre transparent pour découvrir le nombre inscrit dans le fond du récipient et qui, l’espace d’un instant, faisait qu’il avait vieilli ou rajeuni d’un jour sur l’autre.
L’après-midi, on attaquait selon les jours l’histoire et la géographie ou les sciences naturelles (la pousse d’un haricot dans un coton humidifié). Enfin, on terminait souvent la journée de classe par la récitation (Verlaine, Prévert, Carême, Jammes…), le chant (colchique dans les prés) ou les travaux manuels (macramé, poupée de chiffon, poterie...).
Au beau jour, nous avions souvent « plein-air », une appellation qui sous-entendait des activités ou des jeux en extérieur (balle au prisonnier, épervier, jeu du foulard, jeux de ballon, gymnastique…).
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
A 16 h 30, la cloche retentissait pour la sixième et dernière fois de la journée. Il était temps de quitter cet espace de transmission du savoir, protégé par des façades de briques ocres et précieusement gardés par la gardienne Madame RALU. Une fois dehors, il fallait redescendre ou remonter l’avenue de la République, ce grand axe routier revêtu de gros pavés, pour retrouver -une majorité d’élèves de ce groupe scolaire y habitait- l’univers des cités de transit (Gutenberg, Grands Prés, Margueritte, Castors, Pont de Bezons).
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Evidemment, les journées scolaires des filles étaient rythmées de la même façon. Seul un mur séparé nos classes respectives.
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
J’ai oublié de préciser que le jeudi était jusque-là jour de congé de la semaine pour l’école primaire. L’expression « semaine des quatre jeudis », dont Patrick Topaloff fit une chanson célèbre, perd sa pertinence en 1972 lorsque le mercredi devint le jour de repos hebdomadaire pour les élèves.
L’ORTF tire les conséquences de ce changement. Les émissions pour la jeunesse passent du jeudi au mercredi après-midi (« L’autobus à impérial », « Les amis de zorro »…). Certaines émissions cultes sont déplacées du mercredi soir au mardi soir comme « La piste aux étoiles » et « Les dossiers de l’écran ».
Enfin, je laisse à mon cher ami Guendouz le soin et le plaisir de nous présenter tous ces mouflets…si et seulement si, cette photo lui rappelle quelques souvenirs.
Crédit : Jean-Claude Schoumaker
Même si l’école du Petit-Nanterre est rasée depuis longtemps du paysage local, il est temps pour moi de refermer la fenêtre de souvenirs gravés pour toujours dans ma mémoire.
Mohamed SELMET
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